En ce 12 octobre, monsieur Pierre épouse
mademoiselle Léa et vice versa. Ils acceptent
tous les deux de mettre en commun leur
patrimoine pour fonder une famille.
En cas de divorce, ils donneront tout aux
pauvres.
SÉQUENCE 1
PIERRE.- Salut.
LÉA.- …
PIERRE.- Salut.
LÉA.- …
PIERRE.- Salut.
LÉA.- …
PIERRE.- Ouasmok ?
LÉA.- Pardon.
PIERRE.- Comment tu t’appelles ? C’est de l’arabe. T’as quel âge ?
T’habites où ? T’es fille unique ? T’étais où en vacances ? T’es partie avec
tes parents ? T’as fait quoi ?
LÉA.- Pourquoi je te répondrais ? On ne se connaît pas il me semble.
PIERRE.- Justement. C’est une méthode révolutionnaire. Grâce à ce
principe, on se connaît plus vite et on sait tout de suite si on a une
chance de former un couple heureux. C’est génial. Non ?
LÉA.- C’est surtout très masculin. Désolée faut que j’y aille.
PIERRE.- C’est pas l’heure.
LÉA.- L’heure de quoi ?
PIERRE.- De prendre ton bus. Tu prends le 45, celui de 17h24. Tu t’assois
toujours le plus près possible du chauffeur, tu descends à Stalingrad, tu
postes une lettre, tu achètes une rose et avec la monnaie tu te payes un
truc à la boulange, ensuite tu prends le 34 jusqu’à Mirabeau et après…
LÉA.- Et après ?
PIERRE.- Après je ne sais pas. Tu cours trop vite. Alors t’es en cinquième.
LÉA.- Comment tu sais tout ça ? T’es un gitan ?
PIERRE.- En troisième, c’est les Grecs, en quatrième c’est Voltaire et en cinquième c’est Molière. On t’oblige à lire Molière donc tu es en cinquième.
LÉA.- Et le reste ?
PIERRE.- Quoi le reste ?
LÉA.- Le reste. Le bus ? L’arrêt ? La place ?
PIERRE.- Le hasard ma chère Léa.
LÉA.- Parce que tu sais aussi comment je m’appelle. T’es un dingue ! Un obsédé ou quoi ?
PIERRE.- Léa. C’est marqué sur ton livre. Donc tu es en cinquième.
LÉA.- Pour la deuxième année de suite si tu veux tout savoir.
PIERRE.- Moi j’aurais dû rester en sixième. Salut, moi c’est Pierre.
LÉA.- Pourquoi t’aurais dû ?
PIERRE.- J’étais le plus nul de mon ancien collège. La faute des profs d’après ma mère. On m’a inscrit ici. C’est ma dernière chance a dit mon père. Le directeur a regardé mes notes et il a dit « Pierre, votre avenir nous inquiète. Pour l’amour de Dieu, ne vous égarez pas sur des chemins de traverse. » Ca y est je t’ai fait rire !
LÉA.- Non.
PIERRE.- Si. J’ai vu tes dents.
LÉA.- J’en ai pas.
PIERRE.- Et toi pourquoi t’es là ? Tu as bien une raison. On a tous une raison d’être à Notre-Dame du Vieux Cours.
…
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